De Principati Lasera

écrit par randlog le 25 09 2021

La légende veut qu’Albert Einstein expliquait la relativité en comparant la perception du temps d’un homme assis sur un poêle ou assis à côté d’une jolie fille. Selon nos investigations, cette légende proviendrait de lointaines contrées n’ayant pu comprendre, faute de pluie, la première métaphore. En réalité, la vulgarisation initiale comparait l’incroyable lenteur d’un escargot lorsqu’il est observé avec son édifiante vélocité sitôt perdu de vue. Si cette image a été utilisée, c’est simplement que l’escargot était alors bien connu des milieux scientifiques, puisque internationalement reconnu (ou presque) comme référence de mesure de distance, certes concurrencé par le chameau des pays chauds.

Il nous faut donc expliquer pourquoi l’escargot était ainsi utilisé. La raison première est parfaitement prosaïque. Au même titre que vous préférez un poulet musclé à un poulet flasque, les escargots sont bien plus ragoûtants après un peu d’exercice, fonction que quelques utilisations en tant qu'instrument de mesure occupent parfaitement. Bien entraîné, un tel animal pouvait, une fois étalonné sur un rail de platine au bout duquel était déposée une feuille de salade d’un vert moyen (on veillait, pour réduire les incertitudes, à conserver ce vert ou à ré-étalonner pour chaque nuance), être employé en tant qu’instrument de mesure de distance. On raconte par exemple que la construction du château de Versailles en employa plus de trois millions, mais leur domaine de prédilection était naturellement les constructions gothiques (comparez donc nos cathédrales suintantes de bave de mollusque à ces pyramides chaméliques tant admirées…).

Malgré cet honorable palmarès, l’escargot a aujourd’hui perdu cette gloire d’antan. Reprenons donc notre poulet, trop musclé, à qui on préférera naturellement son camarade plus tendre. De même, les escargots trop usés ne virent d’autres fins que les taupes et autres hérissons. Dans sa grande bonté, l’espèce humaine revit ses ambitions à la baisse, et abandonna nombre de projets d’envergure. C’est pour cette raison que l’escargot ne put accomplir le couronnement de sa carrière, la mesure de la distance Terre-Lune.

Seulement voilà, la Lune, on aurait bien aimé savoir où elle se trouvait. On en avait une idée bien sûr, des pigeons avaient déjà fait le trajet, mais ces animaux étaient et sont toujours peu fiables. Peut-être s’étaient-ils arrêtés en cours en route, ou n’avaient pas été jusqu’au bout en inventant Chronopost ? Les plus grands scientifiques de l’époque, qui même sur la pointe de pieds ne parvenaient pas à toucher notre satellite, se réunirent pour résoudre cet épineux problème. Entre autres solutions loufoques, telles qu’empiler plein de règles « d’au moins 20 cm », vint la solution qu’on connaît aujourd’hui. Un enseignant chercheur, lassé d’utiliser un pistolet à eau sur son tableau pour montrer ce dont il parlait, travaillait sur un « gros bidule rouge » astucieusement nommé le « lassé ». Pour ne pas tracasser les deux du fonds venant de se réveiller et se demandant ce que l’assemblée comptait faire de leurs Méphisto, il fut convenu de modifier le nom de l’appareil. Le LASER était né.

Depuis, nous savons où est la Lune. Nous savons faire des trucs droits, et des trous partout.

N’empêche que. Du temps de l’escargotwave, les procédures de sécurité étaient autrement plus souples.