Science, déni climatique ?
écrit par randlog le 19 04 2023
Les sciences, la physique, la technique… Ces simples mots qui cachent tout ce que nous sommes devenus aujourd’hui, une espèce capable de comprendre le monde des mégastructures de l’Univers aux particules élémentaires, et d’exploiter cette compréhension pour son confort ou sa curiosité.
Il y a cependant un peu de déni à se renfermer sur ces belles notions grisantes qui nous permettent aujourd’hui de modeler le monde. Du haut de notre passion viscérale pour la physique, de notre attachement infaillible à repousser plus loin les limites techniques, de ce désir brûlant de progrès, nous venons à nous convaincre que tout ceci profite à notre espèce. Mais est-ce ne serait-ce que partiellement vrai ? Les progrès en tout genre des dernières décennies nous entraînent pourtant tous, chacun plus sûrement que le précédent, vers une catastrophe climatique, une extinction de masse de la biodiversité causée par une seule espèce. Les révolutions technologiques, nombreuses, n’ont abouti qu’à une augmentation permanente de notre impact sur l’environnement. C’est cependant bien de ces révolutions dont nous nous targuons, directement ou non.
Pas d’amalgame me direz-vous, pas d’amalgame. D’aucuns utilisent leurs connaissances et leur maîtrise de la physique pour documenter cette catastrophe, et c’est d’ailleurs en bonne partie grâce à cela que nous savons aussi bien ce qui nous attend, depuis autant de temps. Certes. Cela n’a en revanche pas suffi, c’est une évidence. Beaucoup nous dirons alors que l’histoire est loin d’être terminée, nous avançons chaque jour un peu plus dans notre compréhension des phénomènes en jeu, ou vers de nouvelles solutions techniques. Prenons par exemple la fusion nucléaire. Une solution miracle ! LA solution ! Une source d’énergie plutôt propre, particulièrement abondante, peu risquée ! Une solution technique incroyable à tous nos problèmes d’énergie électrique ! Oui, mais une solution qui n’arrivera pas avant plusieurs décennies, quand le pétrole se sera encore un peu raréfié, quand les migrants climatiques se feront des millions, quand les combats contre les inégalités ne deviendront qu’un simple souvenir derrière les nouveaux combats de la société égoïste ne visant qu’à la survie au vu des famines et du manque d’eau potable. Comment croire qu’en de pareilles conditions, nous serons encore à même de développer une source d’énergie propre, et de s’en servir intelligemment pour le bien de tous ?
Que dire alors ? De ce triste constat, dont je ne trace ici que de grandes lignes qui ne sont d’ailleurs que des suppositions, fondées certes mais incertaines, que retenir ? Devrions nous abandonner la physique, la technique, la course au progrès ou à la compréhension du monde pour nous consacrer à des enjeux plus sociétaux ? Peut-être, en tout cas de nombreuses personnes ont fait ce choix.
Et moi alors ? Eh bien, je n’ai pas fait ce choix. Ou pas encore, peut-être. En tout cas je ne l’ai pas fait. Je suis physicien, fada de physique, j’ai étudié la physique et je veux faire de la physique, je n’ai pour l’heure aucun doute là-dessus. En revanche, j’ai désormais un doute qui plane, et si j’ai été assez éloquent vous aussi. Est-ce par l’envie de poursuivre la quête infinie de savoir, dans l’espoir de contribuer à poser les briques d’un monde meilleur ? Ou par la passion égoïste de l’épanouissement personnel dans le plus parfait déni de l’inefficacité profonde de cette mentalité ?
Je n’ai pas choisi, mais désormais… je me demande.